Transformation des sociétés, familles, individus

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Description Les pays du Sud connaissent des mutations socio-économiques, politiques, culturelles et environnementales rapides.

Les travaux menés dans le pôle TSOFI s’inscrivent dans une réflexion sur les relations entre ces transformations et les trajectoires des individus, des familles et des groupes sociaux. Ils interrogent les modes de fonctionnement des familles, l’organisation des ménages et leur structure, la conjugalité et les modes d’éducation, en interaction avec les politiques publiques sectorielles en matière d’éducation, de travail, de migration, de protection de l’enfance, de genre, de santé reproductive.

Les recherches articulent des approches de démographie, d’anthropologie et de sociologie pour éclairer des évolutions statistiques majeures (croissance de la population, diffusion de la scolarisation en Afrique, insertion des femmes sur le marché du travail urbain, etc.) tout en s’intéressant « aux marges », sous le prisme des rapports sociaux, d’âge et de sexe.

Elles portent sur l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est et les Andes.

Les thématiques abordées se regroupent en 4 thèmes de recherche principaux :
Organisations familiales et arrangements résidentiels

La famille en transformation : des arrangements résidentiels aux organisations familiales

Dans cet axe nous nous intéressons aux transformations qui touchent la famille dans les pays du sud, en Afrique subsaharienne en particulier, en lien avec les dynamiques démographiques (baisse de la fécondité et de la mortalité, notamment) mais aussi sociales (évolution des modes de vie, mobilités spatiale et sociale, plus ou moins prononcées selon les régions du continent). Ces changements s’accompagnent d’une transformation des représentations et des manières de « faire famille », (c’est-à-dire dont les groupes et les individus construisent les liens familiaux ou au contraire défont ces liens) qui se prêtent particulièrement aux approches disciplinaires croisées (démographie, socio-anthropologie). Les études menées dans cet axe abordent ainsi les mutations de la famille à différentes échelles (familles élargies, ménages, individus) et interrogent tant l’évolution des structures familiales que les dynamiques relationnelles en particulier de genre et de génération. La diversité des arrangements résidentiels et des échanges au sein du réseau familial sont appréhendés dans leurs dimensions à la fois factuelle et structurelle qui donnent à voir le poids des attentes et des normes sociales mais aussi les pratiques et les situations marginales. Les tensions qui s’opèrent entre intérêts collectifs et individuels sont indissociables des contextes socio-politiques diversifiés et eux-mêmes en mutation, à une époque où la mondialisation véhicule des modèles familiaux multiples et contradictoires, à travers notamment les nouvelles religions et la généralisation des réseaux numériques de communication.

Nos travaux se déclinent autour de 4 grands questionnements :
(1) De la composition du ménage à celle de la famille. Nous abordons ici la réalité des arrangements résidentiels et des configurations familiales. Il s’agit d’interroger la parenté « pratique », à travers le partage de domicile, de temps, d’argent ou de biens. Qui vit ensemble, qui fait famille et comment les ménages et la famille se transforment-ils ? Autour de quels enjeux, pour quelles raisons, avec quelles conséquences ces changements ont-ils lieu ? Les transformations des formes d’union, du mariage et de la fécondité, des relations intergérationnelles et de genre qui ont des conséquences majeures sur les structures des ménages et des familles, sont ainsi partie intégrante de cet axe.
(2) L’économie domestique. Le « vivre ensemble » renvoie à l’organisation de la famille : comment sont établis les rapports de production, comment sont réparties les responsabilités, le partage du travail, les rôles parentaux, la conjugalité, les liens à l’intérieur des ménages et du réseau familial. La question des rapports entre les femmes est les hommes est ici centrale. La dynamique des rapports de genre est interrogée à des moments forts de l’histoire où les schémas d’émancipation édictés par les sociétés ne correspondent plus toujours aux aspirations des individus.
(3) La famille comme unité d’inclusion, d’assimilation mais aussi d’exclusion. Loin d’être une unité fermée, la famille comporte un terreau d’assimilation, d’absorption, vécu au quotidien à travers des rôles parentaux, filiaux ou même fraternels construits sur le temps long. Mais la famille est également le théâtre d’expression d’inégalités et de violences au travers d’événements comme les divorces ou les séparations. La gestion intrafamiliale de la marginalité et les mécanismes d’inclusion ou d’exclusion dans la famille sont ici en question. La migration pose à cet égard un intérêt particulier, du fait du rôle fort de la famille dans ce phénomène, dès son organisation, comme de la difficulté possible que pose la distance dans les relations familiales ou des stratégies d’assimilation dans la société d’accueil.
(4) La famille comme lieu de transmission des valeurs et d’exercice du care. La famille est le lieu primaire de socialisation et de transmission des valeurs (éducation religieuse, socio-émotionnelle) et de construction des identités. Nous nous intéressons ici particulièrement aux inégalités entre enfants et au rôle joué par les autres générations dans ces processus. Aux différents âges de la vie, la prise en charge des besoins essentiels (alimentation, scolarisation, santé) est assurée, dans la mesure du possible, par la famille. Nous interrogeons les mécanismes de prise en charge des dépendants (enfants, personnes âgées, etc.) par le réseau familial mais aussi par le biais des politiques publiques

Mots clés : parenté, famille, ménage, genre, religion, mariage, fécondité, travail, trajectoires et pauvreté

Terrains : Nos terrains sont situés en Afrique au sud du Sahara (Afrique de l’Ouest, Afrique de l’Est, Madagascar) et en Océanie

Partenaires :
ISSP (Burkina), UCM (Madagascar), Université de Lomé (Togo), UASZ (Sénégal), Makerere Univ, Université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou, Agence de Développement Économique Urbain de Ouagadougou (ADEU)

Projets en cours :
MARGES (2019-2023) : Des marges aux normes. Regards croisés sur les transformations des liens familiaux en Afrique (Fatou, Agnès, Anne, Fabienne, Anastasia, Charlotte, Valérie G, Valérie D, Marie-Laurence, Bénédicte, Laura)
ARTS TERRA (2018-2026 ) : Une architecture et un modèle économique qui trouvent leurs fondements dans l’analyse anthropologique fine des dynamiques relationnelles au sein des familles ouest-africaines. Les économies domestiques viennent dessiner les contours d’un modèle économique innovant (Anne Attané et Clara Sawadogo, architecte DPLT au Burkina Faso)
Salmea (2019-2023) : (Valérie G, Norah)
ATEMIS-CASA (2016-2021) : Activités et trajectoires des enfants migrants au Sénégal (Mélanie, Dorthe)

Chercheur·e·s impliqué·e·s :
Agnès Adjamagbo, Anne Attané, Valérie Delaunay, Marie-Laurence Flahaux, Laurence Fleury, Bénédicte Gastineau, Bilampoa Gnoumou Thiombiano, Valérie Golaz, Fabienne Hejoaka, Mélanie Jacquemin, Lama Kabbanji, Sophie Lewandowski, Fatou Ouattara, Laure Moguerou, Anastasia Seferiadis, Alice Servy, Dorte Thorsen

Doctorant·e·s : Norah Kiereri, Yéniban Madiega, Lily Njuguna
Enfances et éducations, jeunesses, savoirs, formations

Nous analysons les parcours de vie et d’apprentissage des enfants et des jeunes entre école, travail et mobilité dans des contextes familiaux diversifiés et socio-politiques complexes.
Les parcours des enfants et des jeunes sont influencés par des dynamiques familiales et sociales, des politiques publiques et les jeux de différents groupes d’acteurs. Ils sont également orientés par des postures qui sont propres aux jeunes générations. L’axe attache une attention particulière à l’agency des enfants, des jeunes, et des éducateurs (enseignants, parents, formateurs), ainsi qu’aux processus d’autonomisation et d’émancipation.
Comment se construisent les normes et les indicateurs des politiques publiques relatives à l’éducation, la formation, l’enfance, la jeunesse ? Comment se définit l’enfance, quelles méthodes de recherche permettent de produire des données fines et solides en ce domaine, comment en penser les enjeux éthiques ? Comment se définissent les trajectoires sociales et cognitives des jeunes entre rapports personnels au monde, groupes sociaux et tendances structurelles ?
Nous observons les parcours des enfants et des jeunes entre école, famille, travail et mobilité, et cherchons à comprendre ce à quoi ils aspirent. Nous analysons les liens qu’ils entretiennent avec leurs parents, familles et proches, et les conséquences que peuvent avoir les politiques publiques à leur égard. Nous décryptons la manière dont ils représentent également des trajectoires d’apprentissages de savoirs, savoir-faire et savoir-être qu’elles et ils recomposent en fonction de leur histoire de vie.

Nous étudions la manière dont le soin et la protection des enfants sont pensés et pratiqués selon les sociétés, tout comme les violences éducatives qu’elles et ils peuvent subir et leurs alternatives. Nous analysons les dimensions sensibles de la transmission des savoirs (corps, émotions, intuition) contribuent aux constructions socio-identitaires des enfants et des jeunes. Et comment elle peut participer à la reproduction ou à la transformations de normes sociales.
Enfin, nous observons comment les élèves, les étudiant·e·s et les apprenant·e·s ont accès à des formations initiales ou continues qui remettent en jeu leurs trajectoires sociales par l’apport d’autres savoirs et de nouveaux groupes de socialisation.

Approche scientifique
L’axe fait appel à la sociologie, l’anthropologie, la psychologie sociale et la démographie, et valorise la perspective longitudinale. La méthodologie de travail s’appuie sur l’articulation entre méthodes quantitatives et qualitatives sur des terrains de moyen et parfois de long termes (observatoires). Il questionne les données disponibles à différentes échelles et les indicateurs qui en sont issus. Il privilégie des approches compréhensives, et centrées sur l’enfant (child-centered research) situé entre un ensemble d’entourages aux fonctions et prérogatives diverses.
Nous pratiquons la recherche fondamentale attachée à saisir et analyser le point de vue des divers acteurs et actrices concerné·e·s : nous développons pour ce faire des recherches participatives avec des outils tels que le théâtre-forum, les vidéos avec smartphone, le photovoice, et les dessins d’enfants. Nous mettons également en œuvre des projets de recherche-action avec des décideurs et acteurs de terrain impliqués dès l’origine des projets.
Nous explorons différentes formes d’écriture du réel à la fois pour la collecte de données et pour la diffusion des résultats de recherche, notamment au travers de la photo et des vidéos documentaires. Nous donnons des formations à des étudiant.e.s et des partenaires, académiques et non académiques, avec des pédagogies interactives.

Terrains
Afrique : Ouganda, Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana, Burkina Faso, Madagascar
Méditerranée : France, Maroc
Réseaux sociaux virtuels

Partenaires
Afrique : Université Assane Seck de Ziguinchor (Sénégal), Université Catholique de Madagascar, Makerere University (Ouganda)
Méditerranée : ENA (Maroc)
Europe : Université Toulouse Jean-Jaurès (UT2J/LISST), INED, CEPED, University of Sussex, CIRCY,
Partenaires non académiques : ANSD (Sénégal), INSTAT (Madagascar), Futur Au Présent (Ziguinchor, Sénégal), LaSSA (France), Anthropos (France), Gorara (Casablanca)…)…,……

Projets en cours
OPSE (continu) : Observatoire Population Santé Environnement, Sénégal
RIPOSTE COVID19 (2021) : volet ’recherche-action’ du programme d’appui au développement de l’éducation au Sénégal : riposte et résilience face au covid-19 (partenariat UASZ)
ATEMIS-CASA (2016-2021) : Activités et trajectoires des enfants migrants au Sénégal
BECA 18 (2019-2021) : Poursuites et abandons étudiants (Pérou)
VOCES NNA : Enfants et adolescents vénézueliens migrants (Amérique du Sud)
ECOLE, FAMILLE, QUARTIER « Scolarisation dans le centre ville de Marseille. Une recherche participative avec théâtre-forum et CNV », Phase 1 : 2021-2022, Fin. Cité Educative, CAF, Coord. Anthropos Cultures associées, Partenaires : LPED-IRD, Université du Citoyen, Les minots de Saint Charles.
THESAMAN « Savoirs sur l’eau en systèmes agricoles. Une recherche participative avec théâtre-forum (France/Maroc) », Phase 1 : 2021-2022. Fin. SoMum, bourse culture scientifique AMU, coord. LPED-IRD, Partenaires : IREMAM, CNE, CIPE/LEST, ENA, IFKER, Maison régionale de l’eau, CotéACt, Gorara/Théâtre de l’opprimé de Casablanca.

Projets en valorisation
ENSAA : Enfances et savoirs dans les Andes
DIsCOrD : Division du travail domestique et parental dans les couples à Dakar
DEMOSTAF : Demography Statistics for Africa
Vivre et grandir avec le VIH
Rights in Translation

Chercheur·e·s impliqué·e·s
Robin Cavagnoud, Valérie Delaunay, Laurence Fleury, Valérie Golaz, Fabienne Hejoaka, Mélanie Jacquemin, Lama Kabbanji, Yves Lacascade, Sophie Lewandowski, Laure Moguerou, Catherine Scornet, Anastasia Seferiadis, Dorte Thorsen

Doctorant·e·s : Tina Razafinimanana
Jeunesse et sexualité

Les recherches de terrain menées en Asie du Sud Est et en Afrique subsaharienne visent à étudier les conditions sociales et démographiques d’émergence de la sexualité des jeunes et les contraintes normatives qui lui sont associées, ainsi que les mécanismes sociaux qui autorisent ou non sa légitimation. Nous étudions ce qui a changé pour que la sexualité devienne un objet de débat et de discussion, et un objet de recherches.

Trois questionnements sont spécifiquement abordés :

(1) Les processus d’individualisation à l’œuvre dans les changements sexuels et reproductifs – entre global et local
Au travers du prisme des relations amoureuses et sexuelles, nous nous interrogeons sur la montée de l’individu dans les sociétés asiatiques et africaines contemporaines. En quoi la sexualité peut-elle nous informer sur les processus d’individualisation et de démocratisation des liens entre les individus ? Comment penser l’autonomie comme un ensemble d’ajustements, d’arrangements individuels et collectifs face à ces mêmes contextes ?
La mondialisation contemporaine est actrice des politiques en matière de sexualité et des changements de normes et de comportements. Sous l’effet des circulations et d’actions institutionnelles multiples (Etats nationaux, organisations non gouvernementales, organismes internationaux), se produisent des confrontations nouvelles en matière d’identités, de pratiques ou de politiques sexuelles, qui influencent et complexifient les paysages locaux. Comment les normes sexuelles locales et nationales s’inscrivent-elles et se confrontent-elles au discours « transnational » ?

(2) Les inégalités en matière de sexualité et de reproduction : « le privé est politique »
Le champ de la sexualité reste marqué par des inégalités, notamment entre hommes et femmes, qui font écho à d’autres inégalités qui perdurent dans d’autres sphères sociales : « le privé est politique » à savoir que le privé façonne le politique dans la mesure où les règles ordonnant les rapports intimes façonnent les interactions entre les sexes dans la sphère publique. Ainsi les rapports hommes-femmes, et la différence construite de pouvoir entre eux, conduisent à des interactions sexuelles inégalitaires.
Comprendre la sexualité des jeunes nécessite de questionner leurs rapports aux services et méthodes de contraception. En Afrique tout particulièrement, les normes sociales et les rapports aînés/cadets fondés sur la déférence des seconds par rapport aux premiers peuvent constituer une entrave à l’offre et à l’accès de méthodes contraceptives. L’analyse des dimensions sociales et culturelles des relations interindividuelles impliquées par la sexualité passera notamment par le prisme de catégories morales telles que la honte, la pudeur. Comment ces notions structurent les discours et les conduites des jeunes adultes en matière de sexualité et de recours aux méthodes contraceptives.

(3) Stigmatisation et vulnérabilité : des constructions sociales aux politiques publiques
En soulignant la dimension interactionnelle, l’analyse du processus de stigmatisation nous place au cœur des inégalités sociales.
Nous prenons ici en compte des questions de stigmatisation et de vulnérabilités susceptibles d’être induites par des pratiques sexuelles. Il s’agit d’appréhender comment des individus potentiellement vulnérables ou victimes de stigmatisation s’engagent dans des actions de légitimation. Et comment se construisent ces processus et risques de stigmatisation et de vulnérabilité.

Partenaires :
Université de Lomé
Académie des sciences sociales (Institut de sociologie) du Vietnam

Terrains :
Sénégal, Togo, Viet Nam
Changements sociodémographiques et environnementaux

Nous analysons,

  • d’une part les dynamiques sociodémographiques des sociétés rurales africaines, dans des contextes de croissance démographique rapide, en particulier autour de la relation population-environnement, selon deux composantes : l’accès aux ressources et les stratégies des jeunes ;
  • d’autre part, les nouveaux modes d’agir économique et nouvelles pratiques d’agroécologie en contexte de mutations climatiques.

Problématiques

  • Economie rurale, stratégies et dynamiques d’organisations sociales
  • Liens entre croissance démographique et changements environnementaux en Afrique
  • Transformation de l’accès aux ressources dans des contextes de dynamiques démographiques exceptionnelles (forte croissance, déplacements de population, ouverture de fronts pionniers…)
  • Plasticité des sociétés face aux changements environnementaux

Thématiques
Dynamiques familiales en contexte de forte densité démographique et/ou de catastrophe climatique
Système socio-écologiques en milieu agroferestier
Renouvellement des savoirs et des pratiques agricoles

Terrains
Burkina Faso, Kenya, Madagascar, Mozambique, Ouganda

Approches
Multi/inter/trans disciplinaire, sciences participatives, Recherche action.
Animation de l'axe de recherche

Personnel LPED impliqué

Actions de recherche associées