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Catherine Scornet

Enseignant.e chercheur.e

Permanent.e

Maître de conférences, département de sociologie, Aix-Marseille Université

catherine.scornet@univ-amu.fr


Scornet Catherine

Thèmes de recherche

Mots clés : politiques familiales et démographiques, régulation de la fécondité, sexualité, jeunesse, genre, Viêt-Nam, enjeux démographiques en Asie du Sud-Est.
Principales questions scientifiques

Mes recherches actuelles s’orientent vers deux axes : les enjeux démographiques contemporains au Vietnam et en Asie du Sud-Est, et la politisation et la construction sociale de la sexualité au Vietnam. Ils se placent dans la continuité de mes travaux sur les politiques de régulation de la fécondité et les changements reproductifs, dans une confrontation permanente entre le global et le local.

Le gouvernement de la vie : les politiques de limitation des naissances et de santé de la reproduction au Vietnam

Depuis le milieu du XXe siècle, la population est devenue objet central de pouvoir au Vietnam au travers d’un appareil étatique bureaucratique pour une planification centralisée de la reproduction et de la population. Les politiques démographiques sont devenues une question majeure. Au cours des années 1960 et jusqu’aux années 1990, celles-ci se sont concentrées sur le contrôle de la croissance de la population et de sa distribution spatiale. Le Vietnam a ainsi instauré une gestion politique globale de la vie des individus ou biopolitique, concept forgé par Michel Foucault pour montrer comment la population a émergé, historiquement dans les pays occidentaux, comme un point central du pouvoir moderne, pour administrer et optimiser le processus de la vie, la vie humaine elle-même, la santé, le bien-être des individus et des populations. Il s’agit de mettre en évidence, dans le cas vietnamien du « gouvernement de la vie », les pratiques sociales qui s’exercent sur les corps et sur les populations et qui influent sur le cours des existences individuelles et les histoires collectives. L’Etat vietnamien a ainsi mis en œuvre une véritable « médecine sociale », un appareil de médicalisation collective gérant les populations qui s’illustre par un contrôle drastique de la croissance démographique dès les années 1960, par ses programmes de régulation de la fécondité par la contraception et l’avortement, puis à la fin du XXe siècle, par l’adoption du paradigme de la santé de la reproduction, forgé par les instances internationales.
Cet appareil de médicalisation collective permet d’appliquer à la société une distinction permanente entre le normal (avoir un ou deux enfants, bien éduqués et en bonne santé, ainsi que le prône la politique vietnamienne de restriction des naissances) et le pathologique (une famille nombreuse, pauvre, en mauvaise santé et analphabète) et d’imposer un système de normalisation des comportements et des existences. Le contrôle est une économie du pouvoir qui gère la société en fonction de modèles normatifs globaux intégrés dans un appareil d’Etat. L’intériorisation de la norme correspond à une pénétration extrêmement fine du pouvoir dans les mailles de la vie. Cette biopolitique est mise en œuvre au Vietnam à travers un éventail de formes légales de pouvoir sur la population. Ma recherche s’est concentrée ainsi sur le passage d’une norme démographique quantitative à celle d’une norme démographique qualitative, qui a prévalu au tournant du XXIe siècle sous l’influence des organisations internationales, alors que l’Etat vietnamien intensifie ses efforts pour former une force de travail moderne qui puisse être compétitive sur le marché mondial.



Le gouvernement de la vie : la politisation et la construction sociale de la sexualité des jeunes Vietnamiens

La transformation des normes familiales par la baisse rapide de la fécondité m’a conduite à m’interroger sur l’émergence des questions sexuelles dans le débat public. Dans la continuité de mes travaux antérieurs sur les changements reproductifs au Vietnam, j’ai montré que, ici comme ailleurs, la baisse de la fécondité est une des conditions, sociale et démographique, d’émergence de la sexualité et le résultat d’un changement des rapports de genre. C’est dans le contexte d’une différenciation progressive des fonctions érotiques et reproductives, d’une vie sexuelle libérée des peurs et des contraintes, grâce notamment à la généralisation de la contraception, que peut émerger la sexualité. Si la « révolution » sexuelle des jeunes Vietnamiens marque un tournant décisif à l’orée du XXIe siècle, elle trouve ses racines dans la remise en question brutale de la société opérée par l’avènement du régime communiste. Les changements législatifs affectent radicalement la façon dont les jeunes vont faire l’expérience du mariage et de la sexualité.
Aujourd’hui, mes axes de recherche questionnent les normes sexuelles locales et nationales et leur inscription et confrontation au discours transnational. Dans un monde connecté, le terrain de la sexualité est nettement moins contraint par des frontières et des normes nationales qu’il ne l’a jamais été auparavant. Mon travail actuel a pour objectifs d’étudier les formes contemporaines des politiques de la sexualité au Vietnam et la façon dont elles sont influencées par les modèles internationaux. Quels sont les rôles respectifs des organisations internationales, de l’Etat vietnamien, des organisations de masse vietnamiennes (telles que l’Union des femmes, l’Union des Jeunesses communistes, etc.), des ONG internationales et nationales, et des individus dans la politisation de la sexualité des jeunes Vietnamiens ? Il s’agira de s’interroger sur les modalités selon lesquelles les influences globales se traduisent au niveau local, dans l’élaboration des politiques de la sexualité au Vietnam et ainsi de montrer la complexité des interactions entre la sexualité et les politiques dans un monde de plus en plus globalisé. Il conviendra de définir les acteurs de ces débats et mobilisations, au plan local et global.

Conférence « Santé et éducation sexuelle », Ecole Polytechnique de Hanoi, 2019

stand d’information sur la contraception, Académie de l’Information et de la communication, Hanoi, mai 2019

Pour l’année universitaire 2006-2007, j’ai assuré la responsabilité du séminaire annuel de l’EHESS, Paris, avec Claire Trân Thi Liên, maître de conférences en histoire à Paris Diderot, sur le thème « Sociétés et identités plurielles au Vietnam, Laos et Cambodge contemporains ».
Intitulé des programmes

Programmes achevés

  • Avortement au Viêt-Nam
  • Réseaux sociaux et associatifs au Viêt-Nam

Programmes en cours

  • Jeunesse, genre et sexualité au Viêt-Nam
  • Enjeux socio-démographiques en Asie du Sud-Est



Je suis co-directrice de la revue Moussons, revue de sciences sociales et humaines sur l’Asie du Sud-Est, soutenue par l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS et Aix-Marseille Université.





Direction et codirection de thèse

Thèse de Dang Thi Viêt Phuong « Réseaux sociaux et associatifs en milieu rural du delta du fleuve Rouge »

Thèse de Julie Mong The « L’avortement au Vietnam ».
Expertises



Je suis membre du Conseil scientifique de l’IRASEC, Bangkok, (Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine - USR 3142 – UMIFRE 22 CNRS MAEDI).
Par ailleurs, j’ai été sollicitée à titre d’expert pour le Prix de thèse du GIS Institut du Genre.
Dans le cadre de l’appel à projet JEAI (Jeune Equipe d’Accueil International), j’ai été expert auprès de la Mission Evaluation et Programmation de la Recherche de l’IRD.
J’ai assuré, pour l’AIRD, une expertise dans le cadre du PEERS (Programme d’Excellence pour l’Enseignement et la Recherche au Sud), un des dispositifs de renforcement des capacités mis en œuvre par l’IRD dans le cadre de sa double fonction d’opérateur de recherche et d’agence.
Comité éditorial

J’ai été chargée de cours dans diverses universités : en 2000, à Lille III, dans le DESS Asie du Sud-Est, j’ai assuré des cours magistraux sur les enjeux démographiques en Asie du Sud-Est et sur les migrations en provenance de ces pays. En 2000, à Paris V et à Paris VIII, j’ai donné des cours magistraux en Maîtrise de sociologie sur les politiques démographiques dans le monde. En 2001, j’ai été chargée de cours en analyse démographique en 1re année de Maîtrise de Sciences et Techniques de sciences sociales appliquées (Institut Supérieur des Sciences Humaines Appliquées, Université Paris IV – Sorbonne).

A la rentrée 2001, j’ai été recrutée Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherches à l’université de Nanterre. J’assurais les cours d’initiation à la démographie en première année de Licence et de sociologie de la famille en deuxième année.

Depuis 2002, je suis maître de conférences au sein du département de sociologie rattaché à l’UFR ALLSH (Arts Lettres Langues et Sciences Humaines) d’Aix-Marseille Université, et membre du LPED pour mes recherches. J’assure des enseignements de la Licence 1 au Master 2, en démographie, histoire démographique et sociale, sociologie de la famille, sociologie du genre, sociologie de la sexualité.

Enseignements au département de sociologie d’Aix-Marseille Université dans le dernier quadriennal, depuis 2018 :

  • cours de Licence 1 : Connaissance des phénomènes démographiques
  • cours de Licence 2 : Histoire démographique et sociale
  • cours de Licence 3 : Démographie
  • cours de Master 1 : Sociologie des mutations contemporaines 3 : Socialisation, âges de la vie et rapports sociaux
  • cours de Master 2 : Sociologie des mutations contemporaines 6 : Socialisation, âges de la vie et rapports sociaux

Depuis mon recrutement en septembre 2002, j’ai assuré de nombreuses responsabilités dans la licence de sociologie (Directrice des études, responsable de la Licence, responsable de la L1, de la L2, responsable du parcours Anthropologie) qui ont été des opportunités de m’investir dans l’évolution de la Licence de sociologie d’AMU et de participer à la réflexion collective sur le contenu de la formation.
Je suis actuellement Référente aux Relations Internationales pour le département de sociologie.

Entre avril 2014 et juin 2017, j’ai été directrice du département de sociologie d’AMU.

Doctorat de Démographie de l’université Paris V – René Descartes – Sorbonne sous la direction du Professeur Yves Charbit, « Fécondité et politique dans le delta du fleuve Rouge (Viêt-Nam), 2000.

DEA de Sciences Sociales « Cultures et comportements sociaux », Université Paris V- René Descartes, 1992

Maîtrise de Sociologie, mention Anthropologie sociale, Université Paris V-René Descartes, 1991.