Madagascar, Agroécologie, Hadivory et Forêts pour le genre et la biodiversité

Acronyme MAHAFY
Le LPED coordonne le projet ? Oui, le LPED est le porteur de ce projet
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Présentation du projet Les hautes terres de Madagascar constituent un cas d’étude où les enjeux environnementaux et socio-économiques sont particulièrement importants et imbriqués. Dans la région d’Arivonimamo se situent des forêts protégées de tapia (Uapaca bojerii), une espèce arborée endémique qui est mise en danger par la déforestation. De nombreux programmes dits de « conservation » visent à protéger ces milieux uniques et leur biodiversité associée. Ils sont menés par des ONG internationales, des politiques nationales, ainsi que par la mise en place d'un dispositif de gestion communautaire de la forêt qui rassemble des communautés villageoises. Ces programmes de protection de la biodiversité limitent l’exploitation de la forêt par les habitants.

Cependant, ces populations ont développé séculairement des formes d'usages et de gestion de leur territoire qui incluent les différents composants du paysage et donc la forêt. Ces usages se développent dans un contexte de vulnérabilité socio-économique et dépendent pour leur survie de l’exploitation agricole, mais aussi de la mutlfonctionalité des différentes ressources du territoire. Ces ressources comprennent de la riziculture, des cultures maraichères et de l’élevage, mais aussi de la collecte de produits forestiers ligneux et non ligneux. Avec cette agriculture, les habitant.e.s subviennent difficilement à leurs besoins. Dans cette région, les pratiques agricoles locales relèvent à la fois de pratiques paysannes "anciennes" et de l'utilisation d'intrants chimiques de synthèse et de l’agro-écologie. Ceci questionne les capacités des modes de production agro-alimentaire à permettre aux habitant.es de vivre de ces activités, tout en préservant la biodiversité.

Ces populations dépendent également de l’exploitation de la forêt : du bois mais aussi de la soie sauvage, produite par des vers à soie nichés dans les tapias. L'élevage de vers à soie et la production de soie apportent des revenus complémentaires aux ménages. Cette soie sauvage est importante dans la culture malgache car elle sert à la fabrication des linceuls avec lesquels les corps des morts sont enveloppés. Des conflits d'usage peuvent exister entre la préservation de la biodiversité et la survie économique des populations.

Par ailleurs, dans cette région, se situent des fossés défensifs datant de plusieurs centaines d'années. Ces fossés nommés hadivory semblent présenter une biodiversité végétale singulière qui invite à questionner l'effet des activités humaines sur une préservation voire une augmentation de la biodiversité.

MAHAFY est un groupe de travail interdisciplinaire et dynamique opérationnel depuis 2018. Notre objectif est d'analyser comment les populations utilisent les différentes ressources environnementales et quels sont les impacts des formes d'exploitation des ressources sur la biodiversité et leur conditions de vie. Il s'agira in fine d'analyser de quelles manières ces utilisations des ressources environnementales s'articulent avec 1) le rapport à la préservation de l’environnement et la durabilité des paysages, 2) les rapports de genre et 3) les dynamiques socio-environnementales à l'oeuvre dans un contexte d'incertitudes climatiques et socio-politiques.

- Axe 1 : Genre et ressources du vivant : une approche écoféministe appliquée à l'utilisation des ressources environnementales et la production alimentaire permettra d'analyser de quelles manières les programmes liés à une agriculture respectueuse de l'environnement (par exemple agroécologie) ou de conservation (espaces protégés) renforcent les inégalités liées au genre - ou peuvent-ils permettent une émancipation des femmes ? Par des méthodes participatives s'appuyant notamment sur la méthodologie Photovoice, il s'agit notamment de questionner les différents rapports aux ressources (utilisation, préservation, régénération etc) ainsi que la gouvernance des ressources du vivant.

- Axe 2 : Hadivory : du fait de leur configuration, ces fossés laissent à penser qu'une biodiversité particulière s'y niche. Des inventaires de biodiversité végétale effectués dans ces fossés et comparés à des relevés effectués dans les forêts de tapia adjacentes, permettraient de mettre en lumière l'apport de ces hadivory en termes de biodiversité ; constituent-ils des réservoirs de biodiversité au sein de ces zones propices à la pression anthropique ? D'autre part, les fonctions/usages dont ces fossés font l'objet par les habitants restent encore à questionner.
- Axe 3 : Quelles dynamiques socio-environnementales dans un contexte d'incertitudes climatiques et socio-politiques? Ces zones forestières intégrées à l'espace rural constituent un véritable patrimoine biologique et socio-culturel pour Madagascar. Elles sont considérées comme des reliques de superficies boisées historiquement beaucoup importantes, où les sociétés locales ont réussi à construire des systèmes de production dans lesquels la forêt naturelle est complètement intégrée aux modes de vie, il s'agit de forêts rurales multifonctionnelles et patrimoniales (Genin et al. 2013). Dans un contexte de pressions accrues sur les ressources, peuvent-elles constituer un support de développement, ou bien sont elles irrémédiablement vouées à disparaitre? quels équilibres dynamiques sont mis en place par les sociétés locales (pratiques et fonctionnement des ménages, relations urbain-rural, gouvernance, cohésion sociale) ou peuvent être proposés pour renforcer la résilience de ces milieux (formes de régénération de la forêt, lutte contre la déforestation, empowerment des femmes souvent détentrices des savoirs, patrimonialisation des paysages et des usages) pour inciter à oeuvrer pour une durabilité accrue de ces systèmes socio-écologiques.
Axes de recherche associés à ce projet
Financement
État du projet En cours
A archiver Non